Essais et recherches

 

 

Le renouveau de la chanson française

 

« Viens écoutes ces mots qui vibrent sur les murs du mois de mai

Ils nous disent la certitude que tout peut changer un jour »

-Georges Moustaki-

« Le temps de vivre »

 

 

 

L’incontestable influence de la Protest Song

 

 

Saisir la portée, et l’influence, de la  Protest Song américaine sur la chanson française est indispensable pour rendre intelligible sa mutation.  

Sous l’influence de Bob Dylan, de Peter Seeger, de Joan Baez et de tant d’autres, celle-ci va acquérir une autre dimension, et  se donner une nouvelle force dont elle  bénéficiera à la fin de la décennie.

 

1-Le maître à chanter : Woody Guthrie

       

        Avec la crise de vingt-neuf, et ses conséquences sociales, la Protest Song  va, liée à la chanson  « folk » américaine, se trouver un « messager » en la personne de Woody Guthrie.

        En  puisant son inspiration aux sources de la révolte de ceux que la grande dépression avait laissés de côté1, il attache ses couplets au quotidien.

Couplets  dans lesquels se retrouvent, à la fois la misère américaine, et ce qui fait l’actualité2 des années trente3.  

 

        Convaincu de la puissance de la chanson, Guthrie fera inscrire sur sa guitare la phrase suivante :                                                                        

« Cette machine tue les fascistes »…

 

 

        Pour Peter Seeger, Guthrie a permis à toute une génération née après la seconde guerre mondiale de prendre conscience que « cette forme brève connue sous le nom de chanson est idéale pour exprimer les choses qu’ils veulent dire »4.

        Aussi des artistes comme Dylan, Phil Ochs ou Tom Paxton, qui en d’autres temps seraient  devenus des journalistes ou écrivains, « reconnaissent les possibilités polémiques et poétiques de la chose dite et chantée »5.

 

        En 1961, en arrivant à New York, Bob Dylan rend visite à Woody Guthrie mourant sur un lit d’hôpital.

Une nouvelle chanson s’annonce.

 

2- Dylan porte-drapeau d’une nouvelle chanson

       

        C’est en juillet 1963, au festival de Newport, que  Bob Dylan s’impose de manière décisive comme « leader » de cette nouvelle génération de chanteurs qui veut remettre au goût du jour la chanson dite engagée6.

       La chanson engagée devient véritablement une «action politique concrète à travers l’exécution d’un art : la chanson »7.

 

         Marchant « sur les pas de Woody Guthrie »8, il compose « Masters of War » :

                       

« Approchez, maîtres de la guerre

Vous qui fabriquez les fusils, qui fabriquez les bombes

Qui vous cachez derrière les murs

Qui vous cachez derrière des bureaux

Et sachez simplement que je vois sous vos masques… »

 

        « Masters of War » a été écrit directement après le fiasco américain de la Baie des cochons. Elle est ainsi inspiration directe des faits du monde.

         Son invective est brutale, directe, il annonce sans phrases alambiquées ce qu’il veut dénoncer.

 

        Là est un apport essentiel de cette chanson protestataire américaine car, de sous-entendus, les références aux  grands problèmes du monde deviennent directes et directement intelligibles.

        Après la crise des missiles de Cuba en octobre 19629, il compose « A hard Rain’s a gonna Fall » - Il va tomber une averse terrible -

        La peur de la guerre atomique devient source d’inspiration, comme elle le sera avec un

décalage de quelques années dans la chanson française10.

       

        S’inspirant des poèmes apocalyptiques de la Beat Generation, comme « Howl » d’Allen Gisberg ou « Bomb » de Gregory Corso11, Dylan entonne un « Talking world war three Blues » et dans « Eve of destruction »  -« A l’aube de la destruction »- il s’adresse aux incrédules qui pensent que tout s’arrangera sans rien faire :

« Le monde occidental explose

La violence éclate, on charge les armes…

Si l’on pousse le bouton, pas la peine de fuir

Il n’y aura personne à sauver, le monde sera un tombeau »

 

        Pourtant Dylan en est convaincu, le monde est à la veille d’un profond bouleversement, et en 1964 il prophétise « The Times they are a-changin »…

 

3-Une chanson de contestation

       

        Face à cette contestation mise en couplets le sénateur républicain Joseph Keating réclame, en septembre 1963, au comité des activités anti-américaines une enquête sur la « perversion » qu’entraîne la chanson et dénonce les attaches communistes, « subversives », de la Folk Music12.

         L’agitation commence à gagner les campus américains.  Dans les universités,  des campagnes d’information sur le problème noir commencent à sensibiliser les étudiants. L’engagement de plus en plus concret des Etats Unis au Vietnam13 fait peser le risque de la conscription sans discussion possible.

 

       

        Pour l’égalité des Noirs, réapparaissent de vieux chants du sud américain, on en accentue les aspects revendicatifs pour les faire coller à l’actualité, tout en prônant la non-violence.

        Cette non-violence affichée, mène à une mobilisation, sans précédent, contre ce qui apparaît comme un outrage de la première puissance mondiale : l’envoi massif de troupes au Vietnam14.

 

        Peter Seeger compare les GI’s engagés au Vietnam15 aux SS d’Oradour sur Glane dans « Last Train to Nuremberg », Tom Paxton s’en prend au président avec « Lyndon Johnson Told the nation » :

« Et Lyndon Johnson dit au pays

Ne craignez pas l’escalade

J’essaie de contenter tout le monde

Bien que ce ne soit pas vraiment la guerre

On va en envoyer cinq cent-mille  de plus

Pour sauver le Vietnam des Vietnamiens »16

 

 

 

 

        L’influence de ces chansons de contestation sur la politique internationale prend du relief lorsque, le 29 mars 1966, Le Quotidien du peuple17 , publie un élogieux article intitulé : « Le folk song reflète le cœur du peuple américain »18.

Suit l’extrait d’une conférence de presse de Joan Baez au cours de laquelle elle déclare vouloir assister à une victoire totale du Vietcong19.

La Chine voit là le reflet d’un soutient très actif aux « masses en lutte »20.

 

        Pourtant, dans un souci pacifiste, les chanteurs rejettent la guerre dans sa globalité. Dès les débuts de l’intervention américaine Peter, Paul and Mary reprennent « Le déserteur » de Boris Vian et les couplets antimilitaristes se multiplient.

        En France, il est possible d’isoler deux figures de la chanson symbolisant l’arrivée de ces influences.

 

4-Son influence en France

       

        Après un séjour de neuf mois aux Etats Unis, Hugues Aufray revient en France, en 1964, bien décidé à adapter ce qu’il a entendu outre Atlantique.

 

    Témoin privilégié de cette chanson « engagée dans des textes plus élaborés »21,  Aufray ouvre la voie, en imposant ses traductions de Bob Dylan22.

 

        Le tournant intervient en 1965, lorsque Aufray  sort un album, qui fera date, « Aufray chante Dylan » dans lequel il chante « Les temps changent » traduction de « The times they are a-changin » :

                       

« Et le sort et les dés maintenant sont jetés
Car le présent bientôt sera déjà passé
Un peu plus chaque jour, l'ordre est bouleversé

Ceux qui attendent encore vont bientôt arriver

Les premiers d'aujourd'hui, demain, seront les derniers

Car le monde et les temps changent »

 

 

        Il deviendra pour tous «  le chef de file du folk Song »23 français. Dans un entretien, qu’il nous a accordé, il admet que la mutation s’est alors faîte en France grâce à « une conjonction d’éléments »24.

 

        A ses côtés un jeune chanteur,  se fait un nom de son prénom : Antoine.

Dès son premier disque il s’inspire du ton Protest singer ; plaçant de multiples références à l’actualité internationale dans ses compositions

 

        En 1966, il décrit le monde tel que le voit une grande partie de la jeunesse occidentale dans « La guerre » :

             

« Notre monde entier s’effondre

Les spectres sortent de l’ombre

Mahatma n’a pas su faire25 […]

Ne voyez-vous pas mes frères où se dirige la terre […]

Mettez une trêve à ce futur inquiétant

Et la fête continue

Les chaussures frappent à l’ONU26 […]

 

Et si un jour par erreur

Au Vietnam, à Cuba ou ailleurs

On pousse un bouton de trop

Le feu d’artifice est beau

Ce n’est pas ainsi mon frère que l’on met fin à la guerre »27

 

        Dans cette chanson se retrouve l’essentiel des thèmes qui ont  fait la Protest Song : le rejet de la guerre, celui de la bombe atomique et, bien sûr, la référence aux évènements du monde.

 

       

        La chanson à textes devient populaire auprès d’une jeunesse avide de changement et vient piétiner  les plates bandes de la variété issue des « yéyés »28.  

        Johnny Hallyday, tête de file de cette variété, affirme que « cheveux longs » riment avec « idées courtes » et  se sert de l’arme essentielle de cette « autre » chanson29, c’est à dire la référence au monde, pour, gentiment,  la railler:

 

« Si monsieur Kennedy

Aujourd’hui revenait

Ou si monsieur Gandhi30

Soudain ressuscitait

Ils seraient étonnés

Quand on leur apprendrait

Que pour changer le monde

Il suffit de chanter

Da da da da dam  da da da da dam »31

 

 

        Pourtant grâce à ces changements la chanson française se laisse aller à de nouvelles références d’inspiration, elle s’identifie dorénavant aux révoltes de la jeunesse américaine.

        Les idées courtes dont parlait  Jean-Philippe Smet, alias Johnny Hallyday, auront la vie longue et éclateront au cours du printemps 1968.

         

Le bouleversement du printemps 68

 

         « Ce n’est pas une révolution sire, c’est une mutation »32, tel était l’un des slogans étalait sur les murs des universités parisiennes durant le mois de mai de l’année soixante-huit. Si la révolution va échouer,  la mue sera, elle, totale pour la chanson.

 

1- Etrange absence  au mois de mai 68

 

        Pourtant,  elle  est loin d’avoir déferlé  sur le mouvement contestataire.  

Alors que la chanson   aurait aisément pu   condamner l’intervention américaine au Vietnam ou  appeler  à une union internationale des étudiants en lutte, elle est restée discrète et étrangement absente.  

Soixante-huit s’est fait en parlant et en manifestant, peu en chantant.

 

 En ce printemps soixante-huit tout le monde a sur les lèvres « Il est cinq heures Paris s’éveille »33 que chante alors de façon prémonitoire Jacques Dutronc, car quelques semaines plus tard la capitale  va  sortir de sa léthargie.

 

        La jeunesse descend dans la rue pour protester contre la société bourgeoise, construit des barricades, et chante de courts slogans devenus refrains populaires.

Ainsi, cette « révolution sans vocalises »34 s’est déroulée aux rythmes des « Ho ho ho ho Chi Minh » ou par des reprises de chansons révolutionnaires déjà entendues, telle que  « L’internationale »35.

 

2-Du désintérêt pour les événements du monde

 

        Au même moment,  Etienne Roda Gil,  décrit  la sensation du moment pour Julien Clerc, en affirmant « on abolira l’ennui »36.

        Il renvoie par-là même, de façon totalement fortuite, à un  article de Pierre Viansson-Ponté, intitulé « La France s’ennuie ».

 

        Cet article, paru dans Le Monde du 15 mars 1968, et  passé par la suite à la postérité, établit une sévère description de la société française de l’avant mai soixante-huit.

 

        L’analyse qu’il en réalise, porte  en filigrane la situation de la chanson française à la veille de la grande explosion du printemps, et ce de façon étonnante.

        Ainsi, Pierre Viansson-Ponté explique:

        « Les Français s’ennuient. Ils ne s’occupent ni de près, ni de loin aux grandes convulsions qui secouent le monde », et la chanson  « yéyé » en est le reflet.

Il poursuit : « La guerre du Vietnam les émeut certes, mais elle ne les touche pas vraiment. […] Les guérillas d’Amérique latine, et l’effervescence cubaine, ont été un temps à la mode. Cinq cent mille morts peut-être au Biafra, un coup d’état en Grèce, les expulsions du Kenya, l’Apartheid sud-africain, les tensions en Inde. Rien de tout cela ne nous atteint directement : d’ailleurs, la télévision nous répète au moins trois fois chaque soir que la France est en paix, pour la première fois depuis bientôt trente ans, et qu’elle n’est ni impliquée, ni concernée où que ce soit dans le monde ».

Enfin, il conclut par cette annonce prophétique : «Dans une petite France presque réduite à l’hexagone, qui n’est pas vraiment malheureuse ni vraiment prospère, en paix avec tout le monde, sans grande prise sur les événements mondiaux, l’ardeur et l’imagination sont aussi nécessaires que le bien être et l’expansion »37.

 

        C’est justement en puisant dans une imagination renouvelée que la chanson va parvenir à se transformer.

 

3-Les chanteurs et le mois de mai

       

        Cependant, une question se pose sur l’absence des chanteurs durant les événements.

 

        Certes Colette Magny, Jean  Ferrat ou Léo  Ferré38 se produisent régulièrement dans les usines en grèves ou dans des galas politiques. Jacques Brel, lui, conduit le cortège des artistes de variétés du 10 mai39.

Pourtant, il en est bon nombre qui restent silencieux40.

 

A la fin juin 1968, la revue Noir et Blanc se demande tout de même où sont  passés tous ces chanteurs.

Elle s’interroge :

«  Hommes de lettre ou de science, journalistes, auteurs dramatiques, cinéastes, comédiens, tout le monde a pris position, en des sens divers, devant le raz de marée revendicatif qui a déferlé sur le pays. Et les « enfants de la batterie », eux, sont restés étrangement absents de ce débat tumultueux, qui avait pris pour théâtre la rue, les usines et les facultés »41.  

        Alors les chanteurs viennent se justifier de ce désintérêt ou, au contraire, se féliciter du mouvement étudiant.

 

        Pour Dick Rivers si « dans le monde entier ça remue », c’est bien que « partout quelque chose est en train de naître ».

 

        Jean Jacques Debout, lui, ne voit pas pourquoi l’on s’intéresserait aux événements du monde -dans la chanson ou ailleurs- puisque, s’ils « brandissent tous les pensées de Mao ou de Guevara, à la face des gens, ils semblent ignorer que lorsqu’un ouvrier rentre chez lui le soir, ce n’est pas dans le « petit livre rouge » qu’il va se plonger ! »42.  

Vision conservatrice pour une chanson qui doit le rester !

Quant à Stone, elle se fait plus confiante et  ose espérer que ce raz de marée « amène de nouvelles idoles et des refrains inédits »43.

 

        Car l’ancienne chanson ne traduit plus les nouvelles aspirations.

 

        Salvatore Adamo va pâtir de ce changement de statut.

Il parle ainsi, trente ans plus tard, d’un « rejet des chanteurs populaires » ajoutant qu’en 68 « une certaine catégorie de chanteurs a  été condamnée sans même qu’on tende l’oreille pour savoir s’ils étaient conscients ou non des problèmes de l’époque»44. Dorénavant la chanson se doit de s’occuper de son temps.

 

        Dès le mois de mai envolé, avec la réaffirmation du pouvoir gaulliste aux élections de juin 196845, la chanson s’en retourne vers les banalités du quotidien, la mutation doit mûrir.

 

         Claude Fléouter46 dans un article, paru dans  Le Monde le 21 août 1968 intitulé « La chanson et l’air du temps »,  regrette cette tardive évolution en se glosant du fait qu’une chanson de Sheila puisse être le succès de l’été 68.

        Pour lui, « c’est un beau morceau d’anthologie que « Petite fille de Français moyen » de Sheila. Tout va bien […] et le travail, la famille, les copains, l’amour sont toute la vie ». Après les événements que l’on sait, cette chanson est, pour le moins surprenante. Le temps serait plutôt à l’incertitude et aux points d’interrogation… même dans le milieu de la chanson ».

« Un fait est sûr, ajoute-t-il, la chanson n’a plus l’impact d’il y a deux ou trois ans. Peut être faudra-t-il attendre l’apparition d’une nouvelle vague ? ».  

Elle ne va pas tarder à se faire entendre cette nouvelle génération, poussée par des « anciens »47 ragaillardis par l’effusion politique issue de mai.

 

        Dès lors, « les chanteurs ne vont plus s’exprimer comme avant » 48, la révolution avortée exalte les passions, l’envie de changer le monde s’immisce dans les paroles.

 

4-Un autre monde est possible

       

 

        Essayant de traduire  l’esprit de soixante-huit,  Ferrat compose « Au printemps de quoi rêvais-tu ? »49 :

 

« Vieux monde clos comme une orange

Faites que quelque chose change

Et l'on croisait des inconnus

Riant aux anges

Au printemps de quoi rêvais-tu? »50

 

        Quelques mois plus tard, de multiples références au mois de mai fleuriront dans la chanson51.

 

 

        Grâce à soixante-huit, la chanson française va à la fois transformer son langage, en s’éloignant des textes sommaires de la période précédente pour puiser à une actualité omniprésente, et se choisir de nouvelles têtes.

La contestation estudiantine  mène incontestablement  à un regain d’intérêt pour des couplets politiques.

 

        Si elle s’était parfois faite « engagée » durant la vague « yéyé », elle devient contestataire.

        Pour Yves Simon la chanson a ainsi « prit conscience de l’existence de minorités et les jeunes se sont sentis citoyens du monde, et non d’un seul pays »52.

 

        En appuyant des revendications d’ordre international, la chanson régionale va, elle aussi, retrouver  un nouveau souffle inattendu, elle le doit tout autant au retour du folk Song qu’à ce « nouvel air du temps ».

 

 

         Le retour  de la chanson régionale

 

 

        A la fin des années soixante, la chanson régionale se fait encore populaire.

Elle reprend de vieux refrains séculaires, qu’elle essaye de remettre quelque peu au goût du jour, sans véritablement y inclure de quelconques références au monde qui l’entoure. Elle se complait alors dans son rôle : traduire la survie d’une culture minoritaire.

 

        Sous l’influence de la double vague, folk et politique, la chanson régionale va retrouver un second souffle, et s’engager dans la voie de la contestation d’un monde où les minorités justement restent opprimées53.

 

            Pourtant, comment la chanson régionale, à priori recroquevillée sur elle-même, peut-elle avoir été représentative du monde qui l’entourait ?

 

    1- L’écho de la question régionale

       

        Contrairement aux mouvements régionalistes du dix-neuvième siècle54, qui se voulaient conservateurs, ceux de l’après soixante-huit conservent une connotation révolutionnaire.

 

        Claude Marti, qui fut le représentant de la chanson occitane au début des années soixante-dix avec Joan Pau Verdier55, déclare qu’il a « vécu mai soixante-huit avec tout ce que cela pouvait représenter comme réflexion, comme remise en cause »56.

Effectivement le mouvement régionaliste se remet en cause  au début des années soixante-dix, pour se donner une nouvelle raison d’exister.

De la Bretagne à l’Occitanie, en passant par la Catalogne, l’Alsace57 ou la Corse nombreuses sont les revendications qui se font à travers le plus populaire des arts, la chanson.

Cette dernière occupera une place primordiale, essentielle dans la diffusion de ces cultures.

 

        En Bretagne, Alan Stivell invente la pop celtique, et s’inscrit comme le représentant, certes du peuple breton, mais également de l’humanité dans son ensemble.

 

 

        En 1974 au dos de la pochette de son album « E Langonned E » Stivell précise la démarche qui le guide en tant que chanteur engagé dans son temps [Annexe Pochette page 190].

        Il chante ainsi pour « la construction d’un monde où les peuples et leurs cultures, comme les individus, seront égaux. » Il ajoute qu’il s’agit là d’ « un monde sans frontière où nous pourrons, bien sûr, communiquer grâce à une langue universelle, l’anglais ; mais nous aurons le choix d’angles différents pour regarder l’univers ; d’où la nécessité du bilinguisme et d’une pluralité des cultures ».

        Puis Stivell précise son engagement en expliquant :  « Quand je lutte pour le droit du peuple breton à l’expression, je lutte pour tous les petits peuples du monde qui, bien que moins riches et désarmés, sont les égaux des grandes puissances »58.

Cette assimilation du régionalisme aux minorités opprimées de la planète, la chanson va en être la révélatrice.

 

2- Au nom de toutes les minorités opprimées

       

        Au festival folk de Malataverne, en mai 1971, Judith Reyes interprète plusieurs de ces chansons contre la répression au Mexique, Claude Marti déclare que « l’Occitanie salue Cuba » puis, paraphrasant Mao, il affirme que « la longue marche est commencée »59.

 

        Claude Marti chante l’Occitanie, mais également « tous les peuples colonisés, vaincus, matraqués ». Sur la pochette de son premier album,  il fait figurer le portrait du Che Guevara. Les admirateurs de Marti ne se contentent pas d’une lutte pour l’indépendance de l’Occitanie, mais ils entendent grossir les rangs de la lutte mondiale contre l’impérialisme.

 

        La chanson régionale s’identifie alors clairement  aux oppressions des quatre coins du monde.

 

        Le Breton Gweltaz Ar  Fur compose « Le sort du paysan » (sa seule chanson en français) pour y déclarer :

«  On n’a plus qu’à s’engager

Dans l’armée française

Pour aller tuer au Tchad

Nos frères colonisés

Qui eux se libèrent »

 

        C’est le retour d’une chanson politique où le message au lieu de décrier les affres d’une situation locale, se donne un contenu à visée universelle.

 

 

 

 

3-Une identification au monde

 

        La chanson emblématique de ce renouveau régional reste tout de même « Délivrance » écrite par Alan Stivell. Un hymne pour la liberté de tous les peuples du monde :

« Loin de nous toute idée de vengeance

Nous garderons notre amitié avec le peuple de France

[…] Nous ouvrirons nos cœurs

De paysans et de marins-pêcheurs à tous les peuples

De la planète terre

[…] Et les feuilles repousseront de Bretagne en Espagne

Du Mali au Chili, d’Indochine en Palestine

Bretagne centre du monde habité

Tu seras un refuge

[…] Pour les vieillards bombardés

Celtie, au croisement des peuples du nord

Et du sud,  aux confins du vieux monde et

Du nouveau monde, aux frontières de la terre »60

 

        Gilles Servat, de son côté, teinte ses créations de multiples références à l’actualité internationale. Il chante ainsi le drame de Victor Jara61 en breton dans « Gwerz Victor C’hara »62.

Il se dit partisan d’une révolution mondiale, qui ferait craquer tous les Etats, et affiche son soutien aux peuples opprimés de la planète63. Les luttes des autres minorités sont pour Servat un exemple à suivre pour la Bretagne :

« Que soit exemple ici, l’Euzkadi qui veut vivre64

Que la mer écoute la montagne

La souffrance et les balles pour être libre

Voilà ce qui t’attend Bretagne »65

 

        Devant ce renouvellement de la région régionale,  devenue davantage politique que folklorique, la maison de disque Phonogram prendra la décision de faire inscrire au dos de certains albums de Gilles Servat, et d’autres, l’avertissement suivant : « les textes des chansons n’engagent que leurs auteurs »…

 

        Parfois corrosifs, les chanteurs régionaux n’hésitent plus à émettre leurs avis sur ce monde qui les entoure, et, dont ils sont une composante en lutte.

 

        La prise de conscience d’un problème régional, débouche dorénavant sur une prise de conscience de classe à l’échelon international.

 

        C’est le cas de Kirjuhel66 dont la chanson « Angela Davis »67 devient un vibrant hommage à la minorité noire américaine :

 

« Parce que tu es née dans l’Alabama et que petite fille tu n’as eu droit

Qu’aux parties réservées aux Noirs dans les autobus et dans les écoles

Parce que ton admirable visage a été reproduit

Dans toute l’Amérique, dans toute l’Europe

Parce que les Nixon, les Agnew68, les Reagan te haïssent

Je te salue Angela […]

Pour tes frères des ghettos noirs de Californie

Citoyens à demi part, crevant de faim et de froid

Condamnés à des peines démesurées […]

Je te salue, femme noire, Angela Davis »69

 

        La chanson régionale s’éloigne de préoccupations territoriales pour se faire l’étendard d’une cause liée aux événements du monde. Elle se fait le reflet d’une tendance qui caractérise la chanson française au début des années soixante-dix : une volonté de parler du monde.

 

4-Une revendication d’appartenance : la chanson québécoise

 

        C’est bien une façon de voir le monde, plus qu’une question d’identité, qui  unit la chanson régionale française et la chanson québécoise.

Si elles sont toutes deux enracinées dans une culture bien définie, elles n’en sont pas pour autant séparées du monde qui les entoure. L’histoire de la chanson québécoise est un « éveil collectif aux réalités modernes et internationales »70. Elle a accompagné la Révolution tranquille71 de la Belle Province pour la conduire aux premiers espoirs de l’indépendance.  

        Elle a, tout comme la chanson régionale, chanté son pays, tout en refusant de s’enfermer dans une quelconque tour d’ivoire identitaire.

 

        Correspondant à l’identité post soixante-huitarde, les chanteurs québécois sont pacifistes, libertaires et prônent la fraternité universelle.

        La plus belle illustration en est la reprise par  les « trois grands » de la chanson québécoise, Félix Leclerc, Gilles Vigneault et Robert Charlebois en 1974 d’une chanson de Raymond Lévesque « Quand les hommes vivront d’amour » :

 

« Quand les hommes vivront d’amour

Il n’y aura plus de misère,

Les soldats seront troubadours

Mais nous nous serons  morts mon frère »72

 

Un hymne à l’humanité qui porte les espoirs nés d’une double confrontation.

 

        En effet, l’alliance de la « Protest Song » américaine et de l’explosion contestataire de mai 68 permettent  à la chanson de s’abreuver  d’autres idées, d’autres influences que celles qu’elle avait connues au début des années soixante.

Non seulement elle change, mais elle le fait entendre, en se réappropriant le terrain de la contestation.

Dorénavant elle tente dans ses refrains de traduire les grands « maux » de l’Humanité.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il nous paraît nécessaire de songer à  ces innombrables chansons qui nous ont échappé. Ces « bouts d’histoires », instants d’une époque, qui ont, elles aussi, participé à cette description du monde.

 

Car la chanson reste cette prise de paroles d’un instant. Cette dénonciation -ou approbation- rapide, circoncise et incisive.

 

 Du mois de mai 68 à la chute du communisme, de la conviction aux désillusions, la façon dont la chanson s’est appropriée les événements reste symptomatique de l’évolution de la vision du monde entre 1966 et 1991. Elle fut véritablement représentation historique.

 

         L’artiste chanteur ne peut s’empêcher d’émettre, non pas un jugement, mais un point de vue. Si celui-ci  était souvent engagé  politiquement au début de notre période, il adopte le ton de la neutralité et parfois de l’engagement humanitaire. Se retrouvent, dans ses créations, la modification et l’évolution de son rapport au monde.

 

        « Monde, monde pauvre monde », s’exclame Maxime Le Forestier sachant pertinemment que le chanteur ne peut être qu’un simple témoin de ses événements.

Aussi la chanson a essayé de se faire, souvent bien malgré elle, influente de 1966 à 1991, et, à trop vouloir dénoncer les faits et gestes des grands de ce monde, s’est parfois rendue compte du fossé qu’il pouvait y avoir entre les couplets et la réalité.

 

Pourtant, elle continue d’effrayer lorsque la situation internationale se tend.

 

        Durant la guerre du golfe, une liste de chansons bannie de toute diffusion, avait été dressée pour trop « grande référence au contexte international ».  

De Pauline Esther, dans son « Monde est fou »,  à « Caïd Ali » d’Art Mengo, que d’aucuns considérèrent à l’époque comme une chanson belliqueuse et pro-irakienne, des programmateurs radios vont voir le mal partout, interdisant les couplets respirant le bonheur.

«Les évènements du monde, ce sont des choses sérieuses», semblent dire les autorités compétentes à une chanson devenue Petit Prince.

 

Malgré cela, elle a continué à montrer ses révoltes, politiques puis humanitaires au cours des années quatre-vingt dix

   

           Venant confirmer les dires de Gilles Vigneault, comparant la chanson à un miroir de poche, elle s’est faite le reflet de l’histoire du monde, de la perception de cette histoire au moment où celle-ci se déroulait.

 

        Au début des années quatre-vingt dix, avec la fin de la guerre froide, la chanson perd une raison de se pencher sur le monde.

Jean Louis Aubert metaphorise cette situation avec « Voilà c’est fini » :

« Voilà c’est fini

On a tant ressassé

Les mêmes théories

On a tellement tiré

Chacun de notre côté que voilà c’est fini »73

 

       A nouveau grâce à de nouvelles influences venues des Etats-Unis, la chanson évolue. Le rap transforme la chanson comme l’avait fait, en son temps, la Protest Song.

 

Aux événements du monde, une partie de la chanson des années quatre-vingt dix substitue les faits de société. Apparaissent alors les angoisses du quotidien.

Toujours fidèle à sa fonction révélatrice, elle se fait représentative d’une jeunesse pour laquelle les problèmes du monde sont bien moins importants que le chômage et autres misères sociales. Face à cette chanson des « banlieues », terme on ne peut plus péjoratif, qui se préoccupe davantage des problèmes des quartiers que de ceux du monde,  Mc Solaar, l’un des premiers représentants  du rap français, remarque très justement dans « A dix de mes disciples » :

« L’esprit de 68 aujourd’hui se dissipe[…]

La chanson engagée laisse place à la variété »74

 

Néanmoins le rap sait, parfois, s’inspirer des événements du monde.

Ainsi le groupe NTM s’approprie la guerre en Yougoslavie dans « Plus rien ne va »:

 

« Au menu viande saignante dans le téléviseur, pas d’erreur

Un peu comme un remake de Rambo 2 en live et en couleurs

A la différence près qu’aucun des croates n’est acteur

La guerre à domicile, la peur et la famine

La Terre en ce moment n’a vraiment pas bonne mine »75

 

        Même après la chute du communisme, la chanson trouve à parler du monde. «Influencée», elle continue de l’être, fortement.

 

Images de la mondialisation et de ses méfaits avec « La faute à personne » de Gilbert Laffaille, ou celles du «Kosovo » de Georges Chelon : 

 

« Et des gens qui ne demandent rien à personne

Meurent sans pour autant que l’OTAN s’en étonne »

 

        Rapides exemples pour démontrer que, si le début des années quatre-vingt marque une moindre représentation des événements du monde dans la chanson, les références sont encore bien présentes jusqu’à aujourd’hui.

 

        Après la chanson sentimentale, la rigolarde et l’insouciante, le milieu des années soixante a bien constitué un tournant majeur qui continue d’influer sur ses sources d’inspiration76.

 La chanson française s’est tournée vers le monde pour ne plus le quitter.  

 

               Qu’elle puisse nous le dire encore longtemps….

 

1 Woody GUTHRIE, En route pour la gloire, Albin Michel, coll. Rock & Folk, 1973.

2 Il compose quelques « Sacco & Vanzetti Ballads » en hommage à ces deux militants anarchistes exécutés dans l’Etat du Massachusetts en 1927.

3 Il est « l’essence de l’âme américaine » disait de lui John Steinbeck.

4 In Broadside, revue fondée par Seeger, 1964, cité par Marie Hélène FRAISSE, Protest Song, Seghers, 1973.

5 Marie Hélène FRAISSE, Protest-Song, Seghers, 1973, p. 37.

6 Jacques VASSAL, Folksong, Racines et branches de la musique Folk des Etats-Unis, Albin Michel, Rock & Folk, 1ere édition 1977, p. 184.

7 Jacques AUBE, Chanson et politique au Québec (1960-1980), Triptyque, Montréal, 1990, p.9.

8 In Anthony SCADUTO, Bob Dylan, 10/18, 1973 pour la traduction française, p. 89.

9 En octobre 1962, les Etats-Unis découvrent que les Soviétiques ont installé plusieurs rampes de lancement de missiles nucléaires à Cuba. S’en suit un bras de fer diplomatique durant lequel le monde failli basculer vers la guerre.

10 Voir partie intitulée  La valse de la java se perpétue, page 64 du mémoire.

11 « Monsieur Grégory Corso/ Qu’est ce que la puissance ? » se demandera Yves Simon dans « J’ai rêvé New York » en 1973.

12 Marie Hélène FRAISSE, Protest Song, Seghers, 1973, p. 13.

13 A partir de l’accession de Lyndon Baynes Johnson à la présidence en novembre 1963.

14 La comédie musicale « Hair » fait le tour du monde, exprimant le refus de la guerre du Vietnam. En France, elle est jouée par Julien Clerc au Théâtre de la Porte Saint Martin : « Refoulés aux frontières du mensonge, des Nations qui crèvent/ Dans un monde glacé de solitude/ Savoir si quelque part il y a l’espoir ».

15 Revenons sur Bob Dylan pour préciser qu’il n’a jamais écrit une seule ligne sur la guerre du Vietnam ne souhaitant pas mélanger chanson et politique.

16 Disque Ain’t that news, Vogue, CLVLXEK 250.

17 L’organe officiel du comité central du parti communiste chinois.

18 In Rock & Folk  n°35, décembre 1969.

19 Nom donné aux communistes vietnamiens et à leurs alliés.

20 In Rock & Folk, Op. Cit.

21 P. SAKA, Op. Cit. , p.309.

22 Avec la complicité de Pierre Delanoë. Voir Témoignage que nous a accordé Hugues Aufray en septembre 2001, page 171.

23 In Paris Match, n°884, 19 mars 1966, p. 120.

24 Voir Témoignage que nous a accordé Hugues Aufray en septembre 2001, page 171.

25 Sous-entendu le Mahatma Gandhi qui n’a pas su faire la paix.

26 Le 13 octobre 1960, Nikita Khrouchtchev, lors de la réunion de l’Assemblée générale de l’ONU, retire sa chaussure pour frapper son pupitre en signe de protestation.

27 « La guerre », 45 tours, Vogue 8401, 1966.

28 Qu’on pourrait appeler la chanson sans références.

29 Nommons la chanson « concernée ».

30 Fine référence au « Mahatma » cité précédemment par Antoine.

31 « Cheveux longs, idées courtes », 45 tours, Philips 437228, 1966.

32 In  Dominique FREMY (sous la direction de), Quid, Les dossiers de l’histoire Dossier 1968, 1988, p. 199.

33 « Il est cinq heures, Paris s’éveille », 45 tours, Vogue 8611, 1968.

34 Lucien RIOUX, Cinquante ans de chansons françaises, L’Archipel, 1994, p.242.

35 Serge DILLAZ, La chanson française de contestation, de la commune à mai 68, Seghers, 1973.

36 « La cavalerie », 45 tours, Odeon Meo 165, 1968.

37 Pierre VIANSSON-PONTE In Le Monde, 15 mars 1968.

38 Léo Ferré sera aux yeux des manifestants le maître de la contestation et de la révolution permanente.

39 In Chantal BRUNSCHWIG, Louis-Jean CALVET, Jean-Claude KLEIN, Cent ans de chansons françaises, Points Actuels, 1981. Article sur Jacques Brel.

40 Serge Gainsbourg dira plus tard : « La révolution, j’appelle ça bleu de chauffe et rouge de honte », in Gilles VERLANT, Gainsbourg, Albin Michel, 2000, p.63.

41 Revue Noir et Blanc, n°1213, semaine du 27 juin au 30 juillet 1968. Les témoignages suivants sont extraits de cet article.

42  Revue Noir et Blanc, n°1213, semaine du 27 juin au 30 juillet 1968

43 Idem.

44 Chorus, n°21, Hiver 96- Printemps 97.

45 « Ils ont voté » chante Léo Ferré: « Ils ont voté/ Et puis après ?/ […] On les voit à la télé-urne/Avec le général frappard/ […] Dans une France socialiste/ Je mettrais ces fumiers debout/ A fumer le scrutin de liste/Jusqu’au mégot de mon dégoût », Merci à Guy Deroussiaux pour les paroles.

46 Claude Fléouter a été, de la fin des années 60 à la fin des années 80, le spécialiste au journal Le Monde de la chanson française.

47 Par « anciens » on entend les chanteurs qui ont perpétué sous les yéyés la chanson à texte : Ferrat, Ferré, Brel…

48 Jacques VASSAL, Op. Cit. , p.16.

49 Voir Témoignage que nous a accordé Jean Ferrat en juillet 2001, page 183.

50 « Au printemps de quoi rêvais-tu ? », 45 tours,  Barclay 80.384, 1969.

51 Citons « Magny 68/69 » de Colette Magny ; « Le temps de vivre » de Georges Moustaki ; « L’été 68 » de Léo Ferré ;  « Mai 68 » de Catherine Ribeiro ; « Mai 68 » d’Antoine Candelas : « En mai fais donc ce qu’il te plait/ Il nous a plu de faire l’espoir » ;  « Paris mai » de Claude Nougaro ; « Boulevard du Temps qui passe » de Georges Brassens ; « Cent mille universités » de Michel Sardou ; « Mes universités » de Philippe Clay etc.

52 In Paris Match, Mai 68 l’album historique, n°2036, mai 1988, p.46.

53 Jacques VASSAL, La nouvelle chanson bretonne, Albin Michel, coll. Rock & Folk, 1973.

54 Qui sous la férule d’un Mistral ou d’un Maurras prônent une identité conservatrice de droite fondée sur le repli régional.

55 Verdier, alors membre de la FACO (Fédération Anarchiste Communiste Occitane), va faire l’injure de signer un contrat chez Philips considéré comme le suppôt du capitalisme de l’édition musicale. Un boycott de Verdier sera lancé en Occitanie.

56 Paroles et Musiques, n°10, juillet- août 1974.

57 Citons Roger Siffer.

58 Album « E Langonned E », Disques Dreyfus, Sony, FDM 36203.2, 1974. Voir annexe pochette page 190.

59 In Jean-Pierre LE DANTEC, Bretagne, re-naissance d’un peuple, Gallimard, coll. La France sauvage, Paris, 1974.

60 Yann BREKILIEN, Alan Stivell ou le folk celtique,  Nature et Bretagne, 1973.

61 Victor Jara a été assassiné en 1973 au Chili. Voir partie intitulée Les événements du Chili, page 85 du mémoire.

62 Album « L’hirondelle », 1973

63 Guy MILLIERE, Gilles Servat, Collection Poésie et Chansons, Seghers, 1975.

64 Référence aux luttes indépendantistes menées au Pays Basque.

65 « Le pays basque » in Chansons politiques d’aujourd’hui, Syros édition, 1976, p.75.

66 Jean Frédérique Kirjuhel l’un des rois de la harpe celtique.

67 Marxiste, membre des Black Panthers, Angela Davis est, au début des années soixante-dix, le symbole de la lutte des Noirs pour leurs droits. Davis devient, au même titre que Martin Luther King, l’icône de toute une génération. Elle fait seize mois de prison, en 1971, ce qui suscite d’énormes manifestations de soutien aux Etats Unis et en Europe.

68 Spiro Agnew, vice-président du président  Nixon jusqu’à sa démission pour un scandale financier en octobre 73.

69 A noter que Pierre Perret y fait également référence dans « Lily » en 1977: « Mais dans un meeting à Memphis Lily/ Elle a vu Angela Davis Lily/ Qui lui dit viens ma petite sœur/ En s’unissant on a moins peur/Du loup qui guette le trappeur ».

70 In Bruno ROY, Panorama de la chanson au Québec, Ottawa, Leméac, 1977, p.9.

71 La Révolution Tranquille prend place dans les années 60 et correspond à l’affirmation de l’identité québécoise.

72 « Quand les hommes vivront d’amour », Album « J’ai vu le loup le renard le lion »,   Trans Canada VLCC 13-1, 1974.

73 « Voilà c’est fini », Album « H », Virgin 171051, 1992.

74 « A dix de mes disciples », Album « Prose combat », Polydor 5212892, 1993.

75 « Plus rien ne va », Album « 1993, j’appuie sur la gâchette », Sony Music 473630 2, 1993.

76 A noter depuis quelques années le retour vers la chanson « réaliste ». Citons Mano Solo, Thomas Fersen, ou des groupes tels que La Tordue ou Casse-Pipe etc. qui retrouvent les airs de l’accordéon et des sonorités jusque là injustement délaissées.